L'approche ethnopsychiatrique
La méthodologie des deux consultations cliniques se fonde sur les concepts et le modèle de l’ethnopsychiatrie développés par le Professeur Tobie Nathan au Centre Georges Devereux à Paris.
Elle se fonde sur le principe du complémentarisme des approches psychologique et anthropologique de l'individu défini par le psychanalyste et anthropologue Georges Devereux. L'anthropologie permet de décoder le cadre et le contenant psychique du conflit, la psychanalyse sert de socle théorique pour la compréhension de la subjectivité du patient et de l'expression du conflit à travers son histoire. L’ethnopsychiatrie considère le cadre culturel comme une enveloppe psychique qui donne sa forme et son sens à la souffrance individuelle.
Le dispositif
La pratique en groupe de co-thérapeutes d’origines culturelles diverses permet de faire co-exister plusieurs cadres culturels dans le même espace de soin, en parallèle et sans exclure une vision scientifique de la médecine et de la psychologie occidentale.
En proposant un espace intermédiaire entre plusieurs mondes, elle favorise à la fois la ré-affiliation du patient à ses premières appartenances et le métissage entre différentes visions du monde. Le référent culturel présent à chacune de nos consultations représente le témoin et le relais de la culture d’où provient le patient que nous recevons.
Théorie
Basée sur les concepts cliniques de l’ethnopsychiatrie développés par Georges Devereux et Tobie Nathan, cette approche est spécifique de par le fait qu’elle intègre des références anthropologiques dans l’élaboration et la prise en charge thérapeutique. Ainsi, aussi bien avec les personnes migrantes ou avec les victimes de dérives sectaires, l’ethnopsychiatrie considère que l’approche médico-psychologique fondée sur la rationalité scientifique propre à notre société occidentale n’est pas suffisante.
L’approche ethnopsychiatrique fait donc appel aux représentations de l’humain et de sa souffrance qui sont propres au groupe culturel d’où provient le patient.
Cette approche considère l’être humain dans sa double dimension psychique (individuelle) et sociale (collective, anthropologique), ce qui permet au patient de trouver le sens de sa souffrance.
Le groupe comme étayage
C’est le fonctionnement du groupe de co-thérapeutes qui est notre levier thérapeutique. La construction du psychisme individuel est un processus continu, nécessairement étayé par l’interaction avec d’autres structures psychiques. Le fonctionnement groupal offre donc un cadre intermédiaire entre le monde interne et le monde externe. Les co-thérapeutes représentent chacun son monde culturel d’origine. Ainsi, le groupe permet d’établir des ponts entre plusieurs mondes, de comparer des points de vue différents sur le trouble et la maladie, et de favoriser le métissage des pensées.
La disposition du groupe en cercle met en scène sa fonction de restauration des enveloppes psychiques nécessaires au fonctionnement individuel, dont s’était trouvée privée la personne que nous recevons. L’effort thérapeutique porte prioritairement sur ce niveau intermédiaire. Sa restauration va conditionner la récupération par le patient de sa capacité individuelle à penser et à symboliser.
Une équipe pluridisciplinaire
Notre équipe est constituée de co-thérapeutes s’engageant à titre bénévole et ayant des origines professionnelles et culturelles variées. Ainsi, collaborent au sein de nos consultations, psychiatres, psychologues, infirmiers, ainsi que d’autres corps de métiers.
À l’équipe des co-thérapeutes s’ajoute un référent culturel, chargé de traduire en cas de besoin, mais également de faire la médiation entre le monde culturel du patient et celui des référents médico-sociaux qui l’accompagnent.
Le patient est toujours adressé par un professionnel externe qui participe aussi aux séances thérapeutiques.
